panjazz
« pan » mes initiales; jazz, ma passion…

Blue Skies: une chanson au croisement de l’optimisme et de l’histoire du jazz

Composée en 1926 par Irving Berlin à la dernière minute pour la comédie musicale Betsy de Rodgers et Hart, Blue Skies s’est imposée comme un succès immédiat, éclipsant rapidement la modestie de sa première apparition scénique. Malgré une carrière scénique brève — seulement 39 représentations — la chanson a marqué les esprits dès la première soirée: la chanteuse Belle Baker dut répondre à pas moins de 24 rappels du public, témoignant d’un engouement rare.

Ce triomphe initial ne fut que le point de départ. En 1927, Blue Skies accède à l’histoire du cinéma en devenant l’une des premières chansons intégrées à un film parlant, avec l’interprétation d’Al Jolson dans The Jazz Singer. Ce moment clé assoit la place du morceau dans la culture populaire émergente, à la croisée de la musique et des nouvelles technologies de diffusion.

Deux décennies plus tard, en 1946, le titre de la chanson devient celui d’un film réunissant Bing Crosby et Fred Astaire, confirmant sa portée emblématique. Dans le même élan, les versions enregistrées par Count Basie et Benny Goodman se classent respectivement aux 8e et 9e places des hit-parades, preuve de l’attrait constant qu’exerce Blue Skies sur les artistes comme sur le public.

L’histoire de cette chanson est révélatrice de l’évolution de la musique populaire au début du XXe siècle. Sa mélodie lumineuse, typique du style direct et entraînant d’Irving Berlin, contraste avec les nombreuses interprétations plus sombres ou plus nuancées qu’en ont proposées les musiciens de jazz. Ce contraste illustre la souplesse remarquable de Blue Skies, capable de s’adapter à des contextes stylistiques variés, du swing au blues.

Au-delà de sa réussite artistique, Blue Skies s’inscrit dans un contexte historique porteur de sens. Composée en plein cœur des années folles, elle reflète l’optimisme d’une Amérique en pleine mutation, marquée par une croissance économique rapide, des avancées technologiques majeures et une effervescence culturelle inédite.

Ici, la version de « Blue Skies » enregistrée le 5 février 1988 à New York, pour l’album « Blue Skies », par la chanteuse Cassandra Wilson, accompagnée par Mulgrew Miller (piano), Lonnie Plaxico (basse) et Terri Lyne Carrington (batterie).

Avec « Blue Skies », Cassandra Wilson s’éloigne pour la première fois de la maison qu’elle s’est construite avec l’organisation M-Base de Steve Coleman. Elle avait déjà joué des standards auparavant, jusqu’à Songbook en 1985. Il n’y a pas de musiciens de M-Base sur cet album de JMT. Cassandra Wilson est à la tête d’un trio très conventionnel, avec le bassiste Lonnie Plaxico. Ce dernier est très important, car c’est lui qui a dirigé sa transformation étonnante et ciblée lorsqu’elle a signé avec Blue Note Records en 1993 et sorti Blue Light ‘Til Dawn.

Le programme est un pur standard, allant de « Polka Dots and Moonbeams » et « Shall We Dance? » à la chanson titre et à « I Didn’t Know It What Time It Was » de Rodgers & Hart. Ce morceau est la rupture la plus surprenante par rapport aux autres, car il est beaucoup plus énergique et plus dur que les autres lectures, et il met en évidence pour la première fois l’énorme individualité de Wilson en tant que vocaliste.

Il y a encore beaucoup de Betty Carter dans le style de Cassandra Wilson, mais sur ce morceau, c’est du pur Wilson, même le scatting ne vient pas du jazz mais du blues du Mississippi, sa terre natale. Un autre morceau remarquable est « Sweet Lorraine » de Carter Burwell, qui n’était pas tout à fait un standard à l’époque, mais qui devient rapidement un standard repris par de nombreux chanteurs et qui s’inscrit dans la lignée du répertoire classique.

Ce n’est pas un chef-d’œuvre, mais c’est une première expérience très convaincante des formes plus intimes et des groupes plus restreints que Cassandra Wilson emploiera plus tard.

Blue Skies: una canción entre el optimismo y la historia del jazz

Compuesta en 1926 por Irving Berlin como una incorporación de último minuto para el musical Betsy de Rodgers y Hart, Blue Skies se convirtió de inmediato en un éxito rotundo, eclipsando la discreta recepción de su estreno teatral. A pesar de que la obra solo se representó 39 veces, la canción dejó una huella desde la primera noche: la cantante Belle Baker tuvo que responder a nada menos que 24 bises, señal de un entusiasmo poco común.

Este triunfo inicial fue solo el comienzo. En 1927, Blue Skies pasó a la historia del cine como una de las primeras canciones incluidas en una película sonora, gracias a la interpretación de Al Jolson en The Jazz Singer. Ese momento decisivo consolidó su lugar en la cultura popular emergente, en la intersección entre la música y las nuevas tecnologías de difusión.

Dos décadas más tarde, en 1946, el título de la canción fue adoptado por una película protagonizada por Bing Crosby y Fred Astaire, reafirmando su alcance icónico. Ese mismo año, las versiones grabadas por Count Basie y Benny Goodman alcanzaron respectivamente los puestos 8 y 9 en las listas de éxitos, reflejo del atractivo continuo que Blue Skies ejerce tanto sobre artistas como sobre el público.

La historia de esta canción refleja la evolución de la música popular a comienzos del siglo XX. Su melodía luminosa, característica del estilo directo y enérgico de Berlin, contrasta con las muchas versiones más sombrías o matizadas que le han dado los músicos de jazz. Esta dualidad ilustra la notable versatilidad de Blue Skies, capaz de adaptarse a estilos diversos, del swing al blues.

Más allá de su éxito artístico, Blue Skies se inscribe en un contexto histórico significativo. Compuesta en plena efervescencia de los años veinte, expresa el optimismo de una América en transformación, marcada por un crecimiento económico acelerado, avances tecnológicos decisivos y un dinamismo cultural sin precedentes.

Aquí, la versión de « Blue Skies » grabada el 5 de febrero de 1988 en Nueva York para el álbum « Blue Skies » por la cantante Cassandra Wilson, acompañada por Mulgrew Miller (piano), Lonnie Plaxico (bajo) y Terri Lyne Carrington (batería).

Con « Blue Skies », Cassandra Wilson se alejó por primera vez del hogar que había construido con la organización M-Base de Steve Coleman. Antes había tocado standards, hasta Songbook en 1985. En este álbum de JMT no hay músicos de M-Base. Cassandra Wilson dirige un trío muy convencional, con el bajista Lonnie Plaxico. Este último es muy importante, ya que fue él quien dirigió su asombrosa y decidida transformación cuando firmó con Blue Note Records en 1993 y publicó Blue Light ‘Til Dawn.

El programa es puro estándar, desde « Polka Dots and Moonbeams » y « Shall We Dance? » hasta el tema que da título al disco y « I Didn’t Know It What Time It Was » de Rodgers & Hart. Este tema es el que más sorprende respecto a los demás, ya que es mucho más enérgico y duro que las otras lecturas, y muestra por primera vez la enorme individualidad de Wilson como vocalista.

Todavía hay mucho de Betty Carter en el estilo de Cassandra Wilson, pero en este tema es puro Wilson, incluso el scatting no procede del jazz sino de su blues nativo del Mississippi. Otra pieza destacada es « Sweet Lorraine » de Carter Burwell, que no era un estándar en su momento, pero que se está convirtiendo rápidamente en un estándar para muchos cantantes y está en el repertorio clásico.

No es una obra maestra, pero es una primera experiencia muy convincente de las formas de grupo más íntimas y pequeñas que Cassandra Wilson emplearía más tarde.

Blue Skies: una canzone tra ottimismo e storia del jazz

Composta nel 1926 da Irving Berlin come aggiunta dell’ultimo momento al musical Betsy di Rodgers e Hart, Blue Skies si affermò immediatamente come un successo clamoroso, superando di gran lunga le aspettative legate alla sua prima apparizione teatrale. Nonostante la breve durata dello spettacolo — appena 39 repliche — la canzone colpì fin dalla serata inaugurale: la cantante Belle Baker fu richiamata sul palco ben 24 volte, segno di un entusiasmo straordinario.

Quel successo iniziale fu solo l’inizio. Nel 1927, Blue Skies entrò nella storia del cinema diventando una delle prime canzoni incluse in un film sonoro, grazie all’interpretazione di Al Jolson in The Jazz Singer. Questo momento cruciale consolidò la posizione del brano nella cultura popolare nascente, nel punto d’incontro tra musica e nuove tecnologie di diffusione.

Due decenni dopo, nel 1946, il titolo della canzone fu ripreso da un film con Bing Crosby e Fred Astaire, confermandone il valore simbolico. Nello stesso periodo, le versioni registrate da Count Basie e Benny Goodman raggiunsero rispettivamente l’ottava e la nona posizione nelle classifiche, prova della costante attrazione esercitata da Blue Skies su artisti e pubblico.

La storia di questa canzone riflette l’evoluzione della musica popolare agli inizi del XX secolo. La sua melodia solare, tipica dello stile diretto e coinvolgente di Berlin, contrasta con le numerose interpretazioni più cupe o raffinate offerte dai musicisti jazz. Questo contrasto sottolinea l’eccezionale flessibilità di Blue Skies, capace di adattarsi a contesti stilistici diversi, dallo swing al blues.

Oltre al suo valore artistico, Blue Skies si inserisce in un contesto storico ricco di significato. Composta nel cuore dei ruggenti anni Venti, riflette l’ottimismo di un’America in rapida trasformazione, segnata da una forte crescita economica, progressi tecnologici rilevanti e una vivacità culturale senza precedenti.

Qui, la versione di « Blue Skies » registrata il 5 febbraio 1988 a New York per l’album « Blue Skies » dalla cantante Cassandra Wilson, accompagnata da Mulgrew Miller (piano), Lonnie Plaxico (basso) e Terri Lyne Carrington (batteria).

Con « Blue Skies »,  Cassandra Wilson si allontana per la prima volta dalla casa che aveva costruito con l’organizzazione M-Base di Steve Coleman. In precedenza aveva suonato standard, fino a Songbook del 1985. In questo album della JMT non ci sono musicisti della M-Base. Cassandra Wilson guida un trio molto convenzionale, con il bassista Lonnie Plaxico. Quest’ultimo è molto importante, poiché è stato lui a guidare la sua sorprendente e mirata trasformazione, quando ha firmato con la Blue Note Records nel 1993 e ha pubblicato Blue Light ‘Til Dawn.

Il programma è un puro standard, che va da « Polka Dots and Moonbeams » e « Shall We Dance? » alla canzone-titolo e a « I Didn’t Know It What Time It Was » di Rodgers & Hart. Questo brano è il più sorprendente rispetto agli altri, poiché è molto più energico e duro rispetto alle altre letture, e mette in mostra per la prima volta l’enorme individualità della Wilson come cantante.

C’è ancora molto di Betty Carter nello stile di Cassandra Wilson, ma in questo brano è puro Wilson, anche lo scatting non proviene dal jazz ma dal blues del suo Mississippi. Un altro pezzo eccezionale è « Sweet Lorraine » di Carter Burwell, che all’epoca non era ancora uno standard, ma che sta rapidamente diventando uno standard per molti cantanti ed è nel repertorio classico.

Non è un capolavoro, ma è una prima esperienza molto convincente delle forme più intime e di gruppo più piccolo che Cassandra Wilson avrebbe utilizzato in seguito.

Blue Skies: a song at the crossroads of optimism and jazz history

Written in 1926 by Irving Berlin as a last-minute addition to Rodgers and Hart’s musical Betsy, Blue Skies quickly became a runaway success, far surpassing the modest expectations of its theatrical debut. Though the show ran for only 39 performances, the song made an immediate impression: singer Belle Baker was called back no fewer than 24 times on opening night, a rare testament to the audience’s enthusiasm.

That initial triumph was just the beginning. In 1927, Blue Skies made history by becoming one of the first songs featured in a talking picture, performed by Al Jolson in The Jazz Singer. This milestone solidified the song’s place in the emerging landscape of popular culture, at the intersection of music and new broadcast technologies.

Two decades later, in 1946, the song’s title was used for a film starring Bing Crosby and Fred Astaire, further cementing its iconic status. That same year, recordings by Count Basie and Benny Goodman reached the 8th and 9th spots on the charts, underscoring the enduring appeal of Blue Skies among artists and audiences alike.

The song’s history reflects the broader evolution of American popular music in the early 20th century. Its bright, uplifting melody — emblematic of Berlin’s direct and engaging style — contrasts with the darker or more nuanced interpretations offered by jazz musicians over time. This tension highlights the song’s remarkable adaptability across genres, from swing to blues.

Beyond its artistic success, Blue Skies belongs to a meaningful historical context. Composed at the height of the Roaring Twenties, it captures the spirit of optimism in a rapidly changing America, marked by swift economic growth, major technological breakthroughs, and an unprecedented cultural dynamism.

Here is the version of « Blue Skies » recorded on February 5, 1988, in New York for the album « Blue Skies », by singer Cassandra Wilson, accompanied by Mulgrew Miller (piano), Lonnie Plaxico (bass), and Terri Lyne Carrington (drums).

With « Blue Skies », Cassandra Wilson steps away for the first time from the musical environment she built with Steve Coleman’s M-Base organization. She had played standards before, up until « Songbook » in 1985. There are no M-Base musicians on this JMT album. Cassandra Wilson leads a very conventional trio, with bassist Lonnie Plaxico, who is crucial, as he later guided her remarkable and focused transformation when she signed with Blue Note Records in 1993 and released « Blue Light ‘Til Dawn ».

The program is pure standards, ranging from « Polka Dots and Moonbeams » and « Shall We Dance? » to the title track and Rodgers & Hart’s « I Didn’t Know What Time It Was ». This piece is the most surprising departure from the others, as it’s much more energetic and intense, highlighting Wilson’s immense individuality as a vocalist for the first time.

There is still a lot of Betty Carter in Cassandra Wilson’s style, but in this piece, it’s pure Wilson—even the scatting doesn’t come from jazz but from the blues of her native Mississippi. Another remarkable track is « Sweet Lorraine » by Carter Burwell, which wasn’t quite a standard at the time but quickly became one, covered by many singers and fitting into the classic repertoire.

While not a masterpiece, it’s a very convincing early exploration of the more intimate forms and smaller groups that Cassandra Wilson would later employ.

Autres articles – Otros artículos – Altri articoli